02.04.2024
Le 27 mars, s’est tenue une conférence publique de Stépan Astourian, maître de conférences à l'Université américaine d'Arménie et directeur du Centre d'analyse politique Tourpandjian, sur le thème « Origine du nationalisme azerbaïdjanais, thèses fondamentales et structure psychologique principale », à laquelle ont participé des spécialistes de l'Académie nationale des sciences d'Arménie, des instituts des études orientales, de l’archéologie et d'ethnographie de YSU et d’autres.
Stépan Astourian a commencé son discours en présentant les étapes du développement de l'identité nationale azerbaïdjanaise. Dans la première étape, qu’il a conventionnellement divisée entre 1850 et 1905, une recherche d'identité a commencé parmi les musulmans vivant sur le territoire de l'Azerbaïdjan, les Tatars du Caucase. Elle s’est manifestée sous la forme du langage, de l’exigence d’une réforme de l’éducation et de l’étude du passé, qui ne se sont manifestées qu’au niveau des individus. Dans les années 1890, ce mouvement a commencé à se transformer de culturel en politique, influencé par les mouvements nationalistes des Tatars de la Volga. À cette époque, le nationalisme azerbaïdjanais n’était pas une idéologie formée, étant religieux, il comprenait des éléments du panturquisme, du panislamisme, du libéralisme et du socialisme. La deuxième phase, divisée par Mr Astourian entre 1905 et 1920, fut décisive pour la formation des fondements de l'idéologie nationaliste. Les signaux provenaient cette fois d’une élite riche et instruite déjà associée aux idées occidentales plutôt qu’islamiques.
Contrairement à la présence des Arméniens dans les sphères politique, industrielle et économique, cette période a commencé à s'exprimer par une haine évidente contre des Arméniens (se manifestant également sous la forme de conflits arméno-tatares), qui s'est développée et est devenue une composante importante de l'identité azerbaïdjanaise. Les premiers partis furent créés sous l'influence de l'Empire ottoman, orientèrent le nationalisme azéri vers le turquisme. La première république d'Azerbaïdjan a été déclarée État turc, qui a commencé à exprimer ses ambitions envers les régions turcophones du Caucase, devenant ainsi partie intégrante de la politique et de l'idéal national de l'État nouvellement créé.
La période soviétique a été l’une des étapes importantes de la formation de l’identité et du nationalisme azerbaïdjanais. En 1937 l'élite soviétique a officiellement mis en circulation l'ethnonyme « Azerbaïdjanais », qui visait à couper le lien des Tatars du Caucase avec la République de Turquie, ainsi qu'à justifier les revendications territoriales contre l'Atrapatakan iranien. Pour renforcer cela, des théories anti-scientifiques sur l'origine aghvani, iranienne et turque des Azerbaïdjanais ont commencé à circuler. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le terme « Azerbaïdjan du Sud » a été promu et, après la fin de la guerre, la question du « sud » a été institutionnalisée, ce qui a impliqué la propagande parmi les Azéris vivant dans le nord de l'Iran, la séparation du territoire et annexion à l'Azerbaïdjan « du Nord ».
Le résultat de cette propagande et de cette politique irrédentiste et expansionniste a également été la théorie de l'Azerbaïdjan « occidental », qui représente les aspirations vers les territoires arméniens. Aujourd'hui, la haine arménienne, l'image des Azerbaïdjanais en tant que victimes et l'idée de réaffirmer « l'injustice historique » par la conquête territoriale sont des composantes importantes du nationalisme azerbaïdjanais.
Après le discours, les participants ont eu l'occasion de poser des questions à l'orateur.