Le 30 mai de l’année en cours s’est tenue une matinée de commémoration au Musée-institut du génocide des Arméniens ; les descendants des orphelins du génocide des Arméniens se sont rencontrés, liés par l’histoire d’une photo.
L’une des conséquences les plus graves du génocide des Arméniens étaient les milliers d’enfants devenus orphelins. Une file rouge traverse par leurs fortunes : enfance heureuse, exode, privations, déportation, orphelinat…
Mais ils étaient forts, ils ont survécu, ils ont vaincu. Ces nombreux destins se croisent parfois par quelque prédestination, même 100 ans plus tard.
Dans les archives du Musée-institut du génocide des Arméniens sont conservés de nombreux dossiers d’archives, des histoires. Cette photo prise dans l’un des orphelinats à Erevan cache une histoire extrêmement réelle et extrêmement incroyable.
Ce sont les élèves du comité de secours fraternel du deuxième orphelinat d’Erevan (environ 8 dizaines d’enfants) et le personnel enseignant. Ils ont été photographiés sur les marches de l'orphelinat en 1916/17. Le photographe est inconnu. Différentes copies de cette photo ont été remises aux archives du musée-institut à différentes époques. L'idée d'organiser cet événement est née lorsqu’Irina Babaïan, la descendante de l'un des enfants de la photo, a fait don du batik préparé à la base de la photo mentionnée au musée, en mai de cette année.
Parmi les descendants, Irina Babaïan, Mélik Baghdassarian et Djemma Parsamian ont pu assister à l'événement. Chacun d'entre eux a raconté l'histoire de sa famille, et toutes les histoires se croisaient autour de la photo des enfants soignés, assis en rangs sur les marches, aux regards tristes. Les participants ont été accueillis par Haroutioun Maroutian, directeur du MIGA qui les a remerciés pour leur participation.
"Les gens qui sont assis côte à côte aujourd'hui au musée mais qui ne se connaissent pas sont liés par un passé commun, une histoire commune. Ce sont les descendants des survivants du génocide arménien, dont les proches aussi sont assis côte à côte sur cette photo ",
a déclaré Gohar Khanoumian, responsable en chef des archives du MIGA, organisatrice de l’événement.
Mme Irina a également remis au MIGA un numéro du journal "Evening Yerevan" daté du 29 mai 1969, où la même photo, ainsi qu’une nouvelle photo prise 50 ans plus tard, au même complet des amis de l'orphelinat, avec une large référence à ceux-ci, sont imprimées. Il ressort clairement de l'article que presque tout le monde est devenu un citoyen bien établi, une figure éminente de la culture et de la science ... et tout simplement de bonnes personnes.
Margar Sedrakian, auteur de 10 cognacs de renommée mondiale, Ogsèn Sapoundjian, membre associé de l’ANS, docteur professeur en sciences techniques, ex-chef de l’un des départements de l'Institut polytechnique d'Erevan, Hemaïak Amirkhanian, rédacteur en chef du journal "Communiste" arménien de Bakou, Henri Gabriélian, ancien komsomol, docteur en sciences philosophiques -professeur, scientifique émérite, son nom est associé à la chaire de philosophie de l’UEE, Azniv Petrossian, docteur en sciences biologiques, chargée de cours de l’UEE, chef de la laboratoire de l’institut de microbiologie, Artsroun Petrossian, radio-technicien, un des meilleurs et anciens spécialistes dans le domaine de communication, Gohar, employée du Musée des lettres et des arts, chercheuse, Ervand Khaleïan, chef du département de la guerre patriotique à l'Institut d'histoire de l'Académie nationale des sciences, Hapet Dovlatian, grand spécialiste de l'aluminerie d'Erevan, il a développé une nouvelle production, ouvrant une place importante dans l'économie de la république, Sirak Berbérian, cofondateur de la faculté de géographie de l'UEE, Maïranouche Paronikian, actrice, elle a incarné de plus de 100 personnages, Moushègh Mamikonian, l’un des défenseurs du mouvement pionnier, homme, consacré à l'éducation physique des jeunes, Serob Poghossian, docteur en sciences, Nahapet Petrossian, conférencier de l'UEE, Ghazar Vardapétian, conférencier de l'UEE, Masis Ghazaryan, conférencier de l'YSU, Mkertitch Hambardzoumian, docteur en sciences agricoles, Amil Manoukian, ancien vétéran du mouvement de pionniers, directeur adjoint de la Galerie d’État, Sourèn Ohanian, directeur de l'école Gorky, Haïk Minassian, maître des travaux d'impression, Artachès Avétissian, employé du journal
"Sovétakan Haïastan" (Arménie Soviétique), Maro Alazan, Kariné Topikian, Arménak Kharatian et d'autres. Sur cette photo, parmi les enfants figuraient aussi de nombreux Arméniens morts pendant la Seconde Guerre mondiale.
M. Baghdassarian a raconté l'histoire de son père sur la tante de la célèbre photographe Nemrout, Mlle Hasmik, une enseignante bienveillante qui a entrepris la dure et obligatoire mission d'éduquer des orphelins arméniens et de former des citoyens à part entière. Mlle Hasmik ne s'est jamais mariée, n'a pas eu d'enfants, mais elle a donné tout son amour et son affection, les connaissances acquises à l’étranger et sa riche expérience professionnelle à ses élèves pour qui elle est devenue mère et gardienne.
Au tout début du génocide arménien, une grande vague de réfugiés arméniens a atteint l'Arménie orientale, dont une grande partie a émigré aux abords d’Erevan (2000 immigrants) et d’Etchmiadzine (4 000 immigrants). C'étaient principalement des Arméniens déportés de Van, Bitlis et Erzéroum, et beaucoup d'entre eux étaient des enfants privés de leurs parents et sans abri, dont beaucoup ayant été témoins des massacres et des déportations s’étaient épuisés psychologiquement et physiquement, certains souffrant de diverses maladies infectieuses. Il était urgent d'organiser la prise en charge et le logement des réfugiés et de nombreux orphelins arméniens. Au cours de cette période, divers organisations et comités caritatifs arméniens s’étaient formés dans différentes colonies arméniennes de l'empire russe, œuvrant séparément. Le comité / l'organisation de l'orphelinat de secours pour les orphelins subvenait aux besoins des enfants, des dépenses, louant des logements privés, des écoles, etc. De nombreux orphelins arméniens, qui se sont accumulés à Erevan et dans ses environs, sont transportés à Dilidjan, Tbilissi, Gandzak et Bakou.
Au départ, l’installation des enfants dans des orphelinats était mal organisée. Les enfants se perdaient parfois lors du déplacement d’un endroit à un autre: la paperasse était illettrée et négligente, la raison principale étant l’inexpérience dans la sphère. En 1915 37 orphelinats avec 2690 enfants ont été ouverts dans la province d'Erevan. En raison du défaut des places et des ressources matérielles, des enfants étaient parfois livrés à la charge des familles. Les enfants installés dans les orphelinats n'étaient pas tous sans parents; certains d'entre eux ont perdu leurs parents sur le chemin de la déportation et le sort de ces derniers était tout simplement inconnu. Il y a eu des cas où le parent ou un parent proche a confié l'enfant à un orphelinat en raison de la nécessité de maintenir son existence. En 1916 dans 12 orphelinats du Comité de secours fraternel à Erevan, il y avait des groupes de 1050 garçons et filles d’âge différents. Le pourcentage d'enfants âgés de plus de sept ans était beaucoup plus élevé. Parmi ces groupes d’âge, les garçons formaient la majorité, tandis que les enfants de 1 à 6 ans étaient des filles. À propos, par rapport aux autres orphelinats, les orphelinats de secours fraternel d’Erevan étaient dans un état relativement bon. Cependant, la situation a changé en 1917-18 en raison des changements politiques internationaux, de la dangereuse situation interne et externe en Arménie. La plupart des orphelinats financés par des organisations arméniennes n’étaient plus en mesure de continuer leur existence. Un grand nombre d'enfants étaient de nouveau dans la rue, dont certains ont été cruellement tués lors de l'attaque des kémalistes. La République d'Arménie nouvellement créée était devant de nouveaux défis.