06.07.2022


Parmi les mémoires des survivants du génocide des Arméniens du MIGA, l'histoire de la vie de Maritsa Eghoïants de Sébastia, écrite par son enfant adoptif, Zidal Eghoïants, est également incluse.

Maritsa est née dans le village de Karhat, canton de Gotchkir, dans le district de Sébastia de la province de Sébastia, en Arménie occidentale. Elle perd son père à un jeune âge et les quatre enfants, y compris elle-même, restent sous la charge de leur grand-mère et de leur mère.

En 1915 son mari servait dans l'armée ottomane lorsque Maritsa est déportée. Traversant les difficultés et les preuves de la déportation, elle perdit ses cinq enfants, sa mère et sa grand-mère.

" Cette scène ne me quitte jamais. Ils prirent les enfants à leurs parents et les alignèrent sur les rives de l'Euphrate. Les parents ont couru vers les enfants et moi aussi. Ils prirent le premier enfant, en attrapèrent par les jambes et demandèrent de l'or. "Je n’en ai pas," fut la réponse de la mère. À ce moment l'autre frappa avec son épée et jeta l’enfant dans l'eau. Quel bruit, quel cri, mon Dieu..."

Ayant surmonté le chemin de la déportation, elle s'installe à Bagdad. Maritsa, apprenant que son mari est vivant et se trouve à Constantinople, en 1922, alors qu'elle avait 30-32 ans, part pour Constantinople, où elle retrouve son mari et y reste quelque temps. Ensuite elle vit quelque temps à Beyrouth puis se rend en France.

En 1929 elle a déménagé en Arménie avec son mari, où elle est décédée en 1978.

"Lors de l’agonie, elle n'a appelé que Maniak et Tagouk (les enfants dont le sort lui était inconnu), car elle avait donné Maniak aux Kurdes et laissé l'autre dans le roches..." écrit le fils adoptif Zidal Eghoïants.

Le mémoire manuscrit, qui en 2011 a été donné au Musée-Institut de génocide des Arméniens par Achot Aghaïan, est conservé dans les archives scientifiques de la fondation "Musée-Institut de génocide des Arméniens".



Kristiné Nadjarian
Responsable des programmes éducatifs du MIGA