11.12.2018
Le 9-11 décembre de l’année en cours s’est tenu le troisième forum global « Contre le crime de génocide » à Erevan.
À la discussion thématique du forum « Les musées et les génocides ; la commémoration des victimes du génocide et par cette voie la contribution à sa prévention », le directeur de la fondation « Musée-institut de Génocide arménien », docteur ès sciences historiques Haroutioun Maroutian a intervenu avec le rapport « Musées et génocide ; supporter la prévention du génocide en perpétuant les jours de commémoration des victimes du génocide ; vue d’Erevan ».
Dans le rapport Mr Maroutian a abordé en détails le rôle des jours de commémoration, leur nécessité, le rôle de la reconnaissance du Génocide arménien, les particularités de sa perception et son importance pour le peuple arménien, le rôle des musées dans ce contexte.
« Il est à noter que le musée est l’établissement qui travaille plus de 300 jours par l’an. Ça veut dire que 83% de la durée de l’année sont utilisés pour les travaux de propagande. Chaque musée formé à base scientifique présente tout d’abord la réalité comme elle l’est, mais peut aussi faire (et il le fait souvent) des accentuations en faveur de la présentation du sujet exposé, d’un certain point de vue.
Seulement quelques musées et quelques expositions sont consacrés au génocide arménien. À Erevan et à Beyrouth. Et c’est tout. En revanche, en Arménie et en diaspora on a des centaines de monuments qui d’habitude font leur fonction de commémoration un ou quelques jours par l’an. La partie essentielle d’eux sont des khatchkars (croix sur pierre) qui ont une valeur religieuse. Dans cette situation les Arméniens ne pourront pas encore longtemps présenter le Génocide arménien en tant qu’une partie importante de la mémoire mondiale répondant aux exigences de l’actualité »,- a noté le directeur du MIGA.
Et puisque l’axe de la discussion de la session était l’éternelle mémoire des victimes du génocide et le processus de prévention, Mr Maroutian a donc examiné et a abordé ce problème aussi. Est-ce qu’on peut dire qu’il existe un lien direct entre la commémoration des victimes du génocide et la prévention des génocides? Probablement pas. Le lien est indirect.
« La mémoire du génocide est la partie inaliénable de l’identité arménienne. Elle continue à rester un facteur assez actif même après 100 ans. Et pendant la première révolution arménienne, lors du mouvement du Haut Karabagh, il est même devenu l’un des plus importants moteurs de la révolution - une garantie d’indépendance, venant au premier plan. Et oui, les défilés, commémorant les victimes du génocide en Arménie ou dans la diaspora, encouragent l’humanité à faire tout pour prévenir les génocides. Un autre principe fondamental de l'identité arménienne est la conviction que si à l’époque le monde reconnaissait et condamnait le génocide arménien, punissait les pécheurs, réclamait une indemnisation et le poursuivait, il n'y aurait pas eu d'holocauste ni de génocides ultérieurs.
En participant à la commémoration annuelle, les gens font preuve de persistance, se rappelant qu’il faut se battre et vaincre. Si on se rappelle et on respecte la mémoire des victimes innocentes du génocide, donc, on se bat pour la victoire de la justice. On montre donc au monde le danger que le génocide peut se répéter, où qu’il se trouve, et on appelle donc à la vigilance. Et la propagande de la mémoire, la rendant accessible à des centaines et des milliers de gens à travers des musées et des systèmes éducatifs, contribue à accroître la possibilité de la prévention du génocide dans le monde »-, a souligné dans son discours le directeur du MIGA, Mr Maroutian.
Au cours de la session a été abordé le rôle des musées, des mémoriaux et des centres de recherche sur le génocide dans le contexte de la sensibilisation, de la couverture et de la diffusion du crime de génocide par des recherches scientifiques et des expositions de musée.
L'une des composantes les plus importantes de l'enseignement général est constituée des références publiques, qui s'expriment de différentes manières. On a discuté l'importance de sensibiliser au génocide par le biais de visites de musées, de journées de commémoration, l'expérience de différents pays dans ce domaine et la divulgation des similitudes.
Le modérateur de la discussion sur "Le rôle de l'éducation et de la sensibilisation dans le crime de génocide" était également le chef du département des études comparatives sur le génocide du MIGA, Ph.D. Sourèn Manoukian.
Le 11 décembre, à la fin des travaux du forum, les participants ont visité le Mémorial de génocide arménien, ont déposé des fleurs devant le feu éternel et ont rendu hommage à la mémoire des victimes innocentes.
La délégation composée de spécialistes renommés de différents pays a également visité le Musée de génocide arménien et a pris connaissance des dossiers et des documents attestant du Génocide arménien.
Plus tôt, le 9 décembre, le conseiller spécial de l'ONU pour la prévention du génocide, Adam Dieng, avait également visité le Mémorial et le Musée de génocide arménien. Il convient de noter que le Forum mondial de 2018 était consacré au 70e anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Il visait à aborder les objectifs de la prévention du génocide par l’éducation, en examinant les défis et opportunités existants, les expériences et les perspectives de l’éducation sur le génocide. Le Forum mondial a été organisé par le Ministère des affaires étrangères de la République d'Arménie, avec le soutien du Secrétaire général des Nations Unies, du Conseiller spécial pour la prévention du génocide, et en étroite coopération avec l'Association internationale des spécialistes du génocide.
C’était le troisième forum contre le crime de génocide. Pour la première fois le forum a eu lieu en avril 2015, consacré au 100e anniversaire du Génocide arménien, puis en 2016.