Chrétiens célébrant Noël à Bakou, le 6 janvier, début du 20e siècle. L'église arménienne de Saint Grégoire l'Illuminateur se voit.
Musée-Institut de génocide des Arméniens
Pendant la Première Guerre mondiale, la politique génocidaire des Jeunes Turcs ne s'est pas limitée aux massacres de masse et à l’exode des Arméniens de 1915-1923. Cette politique a été également mise en œuvre contre les Arméniens orientaux en 1918-1920 ; les Arméniens de la province de Bakou ont été massacrés et déportés par la Turquie et l'Azerbaïdjan Moussavat. Les 3e et 4e régiments turcs, après la prise de Gharakilissa et les défaites lors des batailles de Sardarapat et de Bach Aparan en mai 1918, le deuxième régiment a marché sur Bakou le long de la ligne Djadjour-Hamamlou-Gharakilissa-Dilidjan-Kazakh-Elizavetpol. L'entrée des Turcs à Bakou a été fortement soutenue par le nouveau gouvernement Moussavat de la République démocratique d'Azerbaïdjan à Gandzak (dirigé par M. Fatali Khan-Khoïski).
La coopération turco-moussavat est devenue plus évidente lorsque le commandant en chef de l'armée turque du Caucase, le lieutenant-général Nuri Pacha est arrivé de Mossoul à Gandzak le 27 mai. En mai 1918 lors d'une réunion secrète du gouvernement azerbaïdjanais et des personnalités du parti Moussavat à Gandzak en mai 1918, des plans ont été élaborés pour les pogroms des Arméniens dans les provinces de Noukhi, Arech, Goktcha, Chamakh et Bakou. À cet égard, l'ordre secret donné par le ministre de l'Intérieur de la République d'Azerbaïdjan Behboud Khan-Djivanchir aux maires de Noukhi, Chamakh et Bakou avant les massacres est remarquable :
«Il est nécessaire d’exterminer les Arméniens afin d'atteindre nos objectifs de passer sur leurs cadavres. N'épargnez personne et suivez fidèlement les instructions qui vous sont données.»
Les troupes turques ont lancé des opérations militaires à Bakou le 15 juin. Ces actions se sont accompagnées de massacres de la population arménienne locale. Dans ces conditions, les Arméniens de Bakou ont passé à l'autodéfense afin de maintenir leur existence physique. Bientôt Sébastatsi Mourad (Mourad Khrimian), Sepouh (Archak Nersissian) et Stépan Tsaghikian sont venus en aide du Caucase du Nord aux défenseurs de Bakou. Cependant, dans les batailles héroïques des premiers jours d'août, Sebastatsi Mourad a péri, et les forces d'autodéfense de Bakou ont pu empêcher l'avancée de l'ennemi au prix de lourdes pertes. En un mois, Bakou était complètement bloqué de terre, n’ayant contact avec le monde extérieur que par la mer Caspienne. Malgré l'avantage écrasant des forces turco-tatares, la défense de Bakou a duré jusqu'au 14 septembre. En raison des batailles persistantes, ils ont réussi à gagner du temps pour déplacer la population arménienne hors de la ville.
Sur 100 000 Arméniens à Bakou, seuls 50 000 peuvent être relogés. Le 15 septembre, à 12 heures, les troupes turques envahissent la ville. Bien que Mursel Pacha au nom de Nouri Pacha ait donné « des garanties pour la sécurité personnelle et des biens de la population civile » à des organes locaux et internationaux, des bandits turco-tatares dirigés par des officiers turcs ont brutalement massacré 30 000 Arméniens pendant trois jours (15-17 septembre). Dans la ville de Bakou (dans la province de Bakou à l’époque) l'armée régulière turque et les bandits tatars continuent le génocide des Arméniens perpétré en Arménie Occidentale et dans les régions peuplées d'Arméniens de l'Empire ottoman.
Extrait du journal "Mer-Orer" publié à Bakou, décembre 1918.