28.10.2016
Bien que l’Allemagne soit alliée de l’Empire ottoman et complice du Génocide des Arméniens, certaines figures sociales, militaires allemandes étant témoins oculaires des scènes horribles de l’extermination des Arméniens, ont fait des efforts pour l’arrêter. Un de ces figures militaires était Armin Wegner (1886-1978) qui faisait son service militaire en tant qu’officier du service sanitaire en Mésopotamie.
Lors de son service militaire, malgré l’interdiction du gouvernement turc, A. Wegner a pris beaucoup de photos des massacres des Arméniens, des camps de la concentration des déportés. A. Wegner a envoyé une partie des photos à la presse allemande et aux personnes sociales, pour attirer l’attention de la société allemande vers les massacres, mais le gouvernement allemand a empêché leur publication.
« J’ai pris plusieurs photos les derniers jours. On m’ raconté que Djemal pacha, le bourreau de la Syrie, a interdit avec la menace de mort de prendre des photos dans les camps de concentration des déportés. J’ai caché les photos de l’effroi et du crime dans ma ceinture. Dans les camps de Meskéné et d’Alep, j’ai collecté plusieurs prières que j’ai gardées dans mon sac à dos pour les donner à l’ambassadeur américain à Constantinople, parce que c’était impossible de les envoyer par la poste. Je n’avais aucun doute que je faisais un acte de traître mais la conscience de pouvoir aider ces misérables même un petit peu me rendait plus heureux, que l’autre chose »,- a écrit Armin Wegner en octobre 1915 lors de son service militaire à Alep dans la lettre adressée à ses proches de l’Allemagne.
A. Wegner a été emprisonné et rappelé en Allemagne et la plupart des 2000 photos prises par lui ont été confisquées et détruites. Cependant, il a sauvé quelques négatifs de verre de ses photos. Il les a cachés dans sa ceinture. Après la guerre, en 1919, A. Wegner a organisé des conférences à Berlin et a publié des textes racontant les atrocités commises contre les Arméniens. En même année, il a adressé une lettre ouverte au président des États-Unis à Woodrow Wilson, où il a établi les faits des massacres des Arméniens perpétrés par les Jeunes-Turcs et a dénoncé les pays impérialistes occidentaux en tant que complices du crime.
En 1921, A. Wegner en tant que témoigne oculaire, a participé au procès de Soghomon Tehlerian. Il a même écrit la préface du rapport sténographique de son procès. Dans ce livre A. Wegner a qualifié l’extermination des Arméniens de « Génocide » (« Fernichtung der Rasse ») qui avait le même sens du terme « génocide » crée par Rafael Lemkin.
En 1922, A. Wegner a écrit l’article « Cri de l’Ararart » ainsi que quelques autres articles et histoires sur le destin dramatique des Arméniens occidentaux (« Armeniada », « A la mère arménienne » etc.) sur les massacres des Arméniens à Smyrne.
En 1933, après arrivé au pouvoir des nazis et d’Adolf Hitler, A. Wegner lui a écrit une lettre ouverte où il a dénoncé la persécution des Juifs. Après la publication, il a été arrêté, emprisonné et torturé. En 1934, il a quitté l’Allemagne.
A. Wegner est né en 1886 à Elberfeld (Allemagne). Il a étudié aux Universités de Breslau, de Zurich et de Berlin (1908-1913). Il fut docteur en sciences juridiques en 1914. A. Wegner est mort en 1978 à Rome. En 1996, l’urne en verre contenant de la terre provenant de son tombe abrite la dernière partie du Mur commémoratif du Génocide des Arméniens.
En 1968, après avoir visité le Mémorial de Tsitsernakaberd, il a écrit : « …Je me suis mis à genou devant le Mémorial des Arméniens n’ayant pas de cimetière, et je me suis incliné devant la flamme éternelle symbolisant l’âme des martyrs…Devant mes yeux sont passés les camps de désert, les enfants affamés, les victimes des épidémies. Peu de gens peuvent comprendre mes émotions… ».