Le 5 janvier 1915, après la retraire des Russes de Bachkalé, les bénévoles nous ont évacués pour que les Turcs qui venaient du derrière ne nous massacraient pas. Nous ne pouvions même pas prendre le pain pour la route. Tout est resté dans le village, et pillé après notre exode. Dans chaque maison du village un ou deux personnes sont restés, 18 belles femmes et filles ont été kidnappées, déshonorées, plus de 9 femmes et enfants sont disparus. Au printemps dernier de 1915, lorsque notre peuple est allé à Ghalassar, ils y ont vu une scie sanglant au bord du puits. Ensuite, ils y ont trouvé 7 corps, dont 4 étaient hommes et 3 femmes. Les têtes de 6 cadavres étaient sciées, seule une tête n’était pas là.
Au long du chemin le champ est couvert de cadavres et d’ossements du peuple de notre village. Après l’exode des centaines sont morts du froid. J’ai vu de mes propres yeux des dizaines de femmes avec leurs enfants tombés sur les routes.
L’autre côté d’Araz, le lieu militaire (en Azerbaydjan) a été vidé des Arméniens, ceux qui sont restés, ont été massacrés ou enlevés. L’année dernière il y avait beaucoup de rapatriés, les nombres des victimes et des vivants ne sont pas connus. Les survivants du génocide sont parsemés, ils ne savent pas où sont les villageois, leurs familles, s’ils étaient vivants ou morts.
Le narrateur est Tagouhi Ohanessyan du village Ghalassar de la région Salmast. Actuellement elle vit au village Khalillou de l’Ancien Nakhijevan. Elle a 38 ans.
Nous sommes 7. Un de nous qui travaille. Mon frère est allé à Bachkalé, là où mon père a été tué. Nous avons survécus aux horreurs kurdes, et nous nous sommes réfugiés de Bachkalé à Salmast il y a 15 ans.
La signature de la narratrice : Tagouhi Vardanyan
PS. Selon la narratrice, dans les villages Baz, Arak, Bachkalé, Hérésséan, Haspstan, Haratoun, Tchoukh, personne n’a survécu. Au couvent Bardoughiméos, quelques personnes ont pu se sauver.
Tagouhi Vardanyan
Hambardzoum Galoustyan a écrit le témoignage.