Khotorjur, un village peuplé par les Arméniens était le centre du caza Kiskim (district homonyme dans la province d'Erzurum). Les Arméniens étaient catholiques (environ 7000). C’est pourquoi le village a été appelé «petite Rome».
Sous l'ordre des autorités turques la déportation de Khotorjur et des villages de proximité vers la Mésopotamie a eu lieu en mai-juin 1915. La population divisée en cinq groupes, a été déportée par partie. Tous les déportés de Khotorjur ont été massacrés sur la route de l’exode. Les gens du premier groupe ont été presque complètement tués dès le début, près de Gasapa et de Bayburt. Les bourreaux turcs et kurdes jetaient les corps dans la rivière Chorokh.
Les Arméniens de deuxième groupe ont été massacrés dans la vallée sur la route entre Gasapa et Yerznka.
Le troisième groupe a pris la route le 8 juin 1915 par la direction suivante : Gasapa-Baberd-Erznka-Kemakh-Malatia (où les hommes ont été massacrés) - Urfa- Alep.
Les hommes du quatrième groupe ont été tués dans les montagnes sur la route de Malatya, et les femmes, les vieillards et les enfants ont été massacrés au bord de la rivière Euphrate, près du village Samsat. Les bourreaux étaient les troupes régulières de l'armée turque et les tchetés.
C’est ainsi le survivant du génocide des Arméniens Manik Babassyan raconte les massacres des femmes et des enfants de Khotorjur au bord de l'Euphrate. « La rivière est devenue le tombeau pour beaucoup de gens. Mais le pire était encore à venir.
Lors de la traversée de la rivière Euphrate, les gendarmes cruels, faisant valoir que le navire ne pouvait pas prendre les malades, et donc en saisissant leurs pieds ils les jetaient dans l'eau ... Et le reste des femmes et des enfants sains ont été matraqués et tués par l’épée... La caravane de Karuna et de Khotorjur composé de 30-35 mille d’Arméniens, a été détruite. Peu de gens, environ 50 personnes ont pu seulement survivre en se cachant sous les cadavres ... »
Le cinquième groupe a été persécuté près du village Pochin (la province de Diyarbakir, caza Severek).
Sur la route vers la mort inévitable les femmes de Khotorjur ne renonçaient pas à leur foi. Le survivant Vergine Zarifyan témoigne : « Quand les Turcs et les Kurdes proposaient les femmes d’aller avec eux, pour sauver la vie, les femmes disaient en ignorant les turcs et la turcité : « Nous sommes prêtes à mourir pour notre foi et pour notre nation sainte, qu’aller avec les Turcs et les Kurdes ».
Les mémoires d’un des pasteurs de Khotorjur le révérend Nazlyan :
« Les Arméniens de Khotorjur sont des catholiques gentils. Ils étaient pieux comme leurs prêtres sur ce long voyage cruel. Chaque jour, ils recevaient la sainte communion, jusqu'à ce qu'ils aient privés de la messe à cause des massacres des clergés. Et les femmes malgré toutes les souffrances qu’elles ont subies, elles étaient des héros par leur ténacité et la patience. …Quand elles sont atteintes Kemakh-Poghazi, elles ont fait face à un choix : se jeter dans l’abîme ou changer la fois. Après avoir croisé sur le visage, elles se jetaient des falaises dans la rivière ».
Un extrait du rapport consacré au massacre de Khotorjur:
« La population de Khotorjur est restée fidèle à sa foi et ses idéaux nationaux. ... Sur tout le chemin de la crucifixion, ils étaient cohérents, en tenant toujours leur serment, sans renoncer à leur foi et sans offenser les valeurs ancestrales. Toute la population est volontairement consciemment allée à la mort pour la même idée. Des origines de la rivière Chorokh jusqu’au désert arabe, où sont atteints quelques gens, ont montré les plus hauts exemples de courage et de dévouement. Homme ou femme, adulte ou enfant, prêtre ou laïc – tout le monde ont préféré avec le même enthousiasme la mort à la vie, la convoitise à la prodigalité, l’exode à l’esclavage... Ni les menaces, ni la faim, ni le charme, ni la tromperie ne pouvaient vaincre la volonté des femmes de Khotorjur. Elles ont été massacrées en masse, ont été martyrisées, ont été jetées dans l’eau par groupe. Dans l’exode elles ont préféré la pauvreté, la faim, le travail lourd, des chiffons, mais n’ont pas cédé aux bourreaux et aux trompeur ».
Environ cent Arméniens ont pu seulement survivre parmi les habitants de Khotorjur déportés en Mésopotamie.
L’auto-défense de Khotorjur
En Février 1916, les troupes russes ont occupé Khotorjur. Avant la guerre, l'union « Tayk », composé des Arméniens de Khotorjur étant parti en Russie et au Caucase pour le travail et ainsi échappés au génocide (environ 1500, surtout des hommes), dans l'espoir de pouvoir sauver certains de l’exode, a envoyé des groupes des jeunes à Khotorjur au printemps 1916, pour défendre le pays et de préparer la nourriture.
Au début 1918, lorsque les troupes russes se sont retirées de l'Arménie occidentale, les troupes turques, ont violé la trêve de Erznka signé le 5 décembre, ont commencé à réoccuper les provinces arméniennes.
Les Arméniens de Khotorjur, au nombre de 110 personnes, ont décidé de résister et ont commencé à préparer l'auto-défense. Un conseil militaire a été créé à la tête d’Ogostinos Mchanyan. La première attaque par l'armée turque organisée le 20 janvier 1918, a duré quatre jours. Un combat particulièrement violant a eu lieu au quartier Klahints de Khandadzor, où l'armée turque a été défaite et s’est retirée. Plus tard, le centre de résistance a été déplacé au village de Verin Mohorkut qui avait une forte position naturelle. En reprisant de l'attaque, les forces turques ont utilisé l'artillerie, dont le résultant la situation des assiégés s’est gravée néanmoins, ils ont réussi à détruire l'artillerie. Malgré la résistance héroïque et désintéressés, les forces et les munitions des Arméniens de Khotorjur se terminaient. Les habitants de Khotorjur ont envoyé un messager de secours à Andranik, mais il a refusé. Il a dit: «Pour sauver cent personnes, il faut sacrifier un millier.
L’auto-défense de Khotorjur contre les forces turques supérieures a continué jusqu'en mai 1918. Après avoir appris que les troupes turques ont occupé Kars et qu'il n'y a aucun espoir de l'aide, le Conseil militaire a décidé de se retirer en petits groupes. Le premier groupe a réussi à atteindre à Ardvina avec beaucoup de difficulté et passer au Caucase. Le deuxième groupe a été capturé et emprisonné par les Turcs à Trébizonde (ils ont été libérés après la défaite de la Turquie).
Les survivants de Khotorjur habitent aujourd’hui en Arménie, à Tbilissi, en Abkhazie, quelques familles vivent en Iran, en Italie, aux États-Unis et ailleurs.
R. Tatoyan, chercheur au Musée-Institut du Génocide des Arméniens de l’ANS de la RA